A l’image des projets du groupe Jolimont et de nos voisins français du CHU de Nantes publiés dans ce numéro, nous constatons depuis plusieurs années une complexification notable des projets architecturaux hospitaliers. Les impératifs d’efficience et de rationalisation auxquels répondent les hôpitaux européens donnent naissance à des programmes toujours plus ambitieux et des solutions architecturales à la fois novatrices et extrêmement modernes. Maîtres d’ouvrage et maîtres d’oeuvre s’accordent sur le fait que les projets architecturaux hospitaliers actuels sont parmi les plus exigeants et les plus complexes à traiter. Tous les acteurs impliqués, qu’ils soient hospitaliers ou experts de la conception et de la construction, reconnaissent que le rôle de l’architecte devient toujours plus riche et vaste. Aussi, de nombreuses agences intègrent de nouveaux profils dans leurs équipes (designers, ingénieurs, architectes d’intérieur, paysagistes, etc.) pour traiter toujours plus efficacement les sujets dont elles ont la responsabilité. Et pourtant, les maîtres d’ouvrage continuent de faire appel aux agences d’architecture comme si leurs missions se limitaient encore à « dessiner une enveloppe ».
Une fois encore, dans le domaine hospitalier, le rôle de l’architecte est d’une toute autre dimension. Par la relation étroite existante entre structure et organisation, en concevant un hôpital, l’architecte donne forme aux missions, aux ambitions et aux exigences des acteurs hospitaliers. La rationalisation et la flexibilité, qui sont devenues des notions centrales pour l’hôpital, bouleversent largement son approche et sa gestion des projets. La technicité croissante des pratiques médicales et des traitements chirurgicaux implique la conception d’environnements hautement contrôlés. Le développement de l’ambulatoire, quant à lui, nécessite, entre autres, une grande optimisation des axes de circulations et des connexions fonctionnelles entre les services. Pour traiter ces volets et bien d’autres, l’architecte doit devenir porteur à part entière de la vision du maître d’ouvrage. Il doit comprendre et intégrer dans ses réflexions les missions de l’hôpital, les enjeux liés au développement de ses activités et son rapport avec son territoire. Il a donc toute sa place à la table des réflexions dès la phase de programmation d’un projet hospitalier.
Intégrée à ce stade d’un projet, une agence d’architecture disposant des connaissances du marché de la santé et des compétences nécessaires à la gestion de projets hospitaliers peut plus rapidement comprendre ses enjeux. En identifiant rapidement les missions et les impératifs des équipes hospitalières, elle peut proposer très tôt un rendu architectural adapté au projet. Elle peut aussi interagir plus longuement avec les acteurs hospitaliers et ses partenaires dans le cadre de l’opération pour parfaire sa conception. Il existe un lien très étroit entre le maître d’ouvrage hospitalier et l’architecte, renforcé par les décisions des gouvernements européens en matière de santé prônant une rationalisation des espaces hospitaliers. Afin d’optimiser la réponse architecturale apportée aux projets immobiliers de santé, ne serait-il pas pertinent d’impliquer l’architecte dès les premières réflexions sur le projet médical, qui doit être la clé de voute du projet architectural ?
Cyril Coponat
Rédacteur